Les trois poissons
On raconte qu’un étang renfermait trois poissons :
-l’un était sage,
-le second intelligent ;
-le troisième était un insensé.
Cet étang se trouvait dans un lieu éloigné, et rares étaient les gens qui le visitaient. Il était relié à un ruisseau proche par un canal.
Un jour, deux pêcheurs qui suivaient le cours du ruisseau aperçurent l’étang. Ils convinrent d’y revenir ensemble, munis de leurs filets, afin de pêcher les poissons.
1- Le plus sensé des poissons se méfia et prit peur ; alors sans perdre de temps, avant l’arrivée des pêcheurs, au débouché du petit courant qui descendait du ruisseau, il s’y engagea et remonta jusqu’au ruisseau.
2- Le poisson intelligent resta sur place. Les pêcheurs vinrent ; à leur vue il comprit leur dessein ; il voulut s’éloigner et gagna le débouché du petit courant. Or les pêcheurs avaient déjà bouché cette issue. Dépité, il se dit :
« J’ai trop tardé et voici la sanction de mon inertie. Par quelle ruse vais-je me tirer de là ? Mais si l’on recourt à la ruse avec précipitation ou avec abattement, elle échoue.»
Le poisson se donne, alors, le temps de la réflexion, il ne désespère pas de trouver une idée utile, ne prend pas son sort au tragique, il reste lucide, et prêt à l’effort.
Alors il fit le mort. Se tenant près de la surface de l’eau, il se laissa flotter, tantôt le ventre en l’air, tantôt le dos en l’air. Les pêcheurs le prirent et le posèrent sur le sol, entre l’étang et l’eau courante.
Alors il fit un grand bond, atteignit le ruisseau, et fut sauvé.
3- Quant au troisième poisson, il tenta par des allées et des venues de se dégager, mais fut pris par les pêcheurs.
Je vous laisse méditer…
Bonjour,
Je me permet de partager mon compréhension sur cette histoire :
– Les pêcheurs représentent l’impermanence : la maladie, la vieillesse, la mort .
– Les poissons : représentent nos différents niveaux d’appréhension de l’impermanence.
L’impermanence est une loi universelle.
C’est une notion extrêmement importante. On la retrouve bien sûr dans le bouddhisme mais aussi dans d’autres philosophies, particulièrement orientales. Mais on la retrouve aussi maintenant en physique moderne :
« Les phénomènes portent naturellement en eux le ferment de leur propre transformation et aucune entité immuable ne peut exister dans l’univers. Rien de permanent, donc, tout est impermanent, en transformation tout le temps et on fait partie de cette transformation. »
On va commencer par une constatation toute simple :
« Tous les êtres naissent, vivent et meurent.
Alors pourquoi cela pose-t-il un tel problème pour l’être humain ? »
Selon le bouddhisme, la réflexion sur l’impermanence se fait en 3 niveaux :
1. Les désavantages de ne pas penser à l’impermanence : Nous risquons de gaspiller notre vie humaine en vaines et futiles activités. Car notre conscience, bien malgré nous, souvent, refuse de voir les choses de la manière d’impermanence. Ainsi, s’attacher aux phénomènes et aux objets est une cause de souffrances puisque nous croyons (ou plutôt refusons de voir) qu’ils vont se détruire : d’où l’origine de notre souffrance.
. Mourir en ayant des regrets
On s’attache à ce que l’on aime, que ce soit des êtres ou des activités, et on redoute beaucoup de se séparer de ce que l’on a aimé, de ce à quoi l’on est attaché, de ce qui, parfois, a été le sens de notre vie.
2. Les avantages de penser à l’impermanence
. Y penser est très bénéfique
. Y penser donne beaucoup de puissance à notre pratique
Il est important de retrouver un esprit fluide, qui, au lieu de considérer l’impermanence comme un scandale, trouve au contraire que c’est une chose tout à fait normale, naturelle et apprend à s’harmoniser avec elle.
. Mourir en paix et joyeusement
3. La manière de méditer sur l’impermanence.
Comme le Bouddha l’a dit :
« De toutes les empreintes de pas, celles de l’éléphant sont les plus larges ;
De toutes les réflexions, la plus importante est celle qui porte sur l’impermanence. »
Tout ce nouveau monde s’approprie cet enseignement : de même que les empreintes de l’éléphant sont les plus remarquables, l’impermanence est l’idée la plus importante sur laquelle un scientifique et un bouddhiste puisse méditer.
Il est donc vain de s’attacher dur comme fer à cette existence, car même si nous vivions cent ans, il faudra quitter cette vie un jour.
Quand cela se produira, à quoi nous serviront nos biens ? À cet égard, la mort d’un milliardaire ne vaut pas mieux que celle d’une bête sauvage.
Les seules choses qui auront de l’importance au moment de notre mort seront nos bonnes ou mauvaises actions, ainsi que le développement spirituel que nous aurons atteint. C’est la seule certitude.
« Si toute vie va inévitablement vers sa fin,
Nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir. »
( Marc Chagall)