J’ai reçu ce matin un commentaire de Thanh à mon article « Comment ne pas tomber dans la dépression saisonnière? Il me racontait une histoire, je ne la connaissais pas et je l’ai trouvée si inspirante que j’ai souhaité la mettre en lumière cette semaine, la voici…
« Un Roi avait pour fils unique un jeune Prince courageux, habile et
intelligent. Pour parfaire son apprentissage de la Vie, il l’envoya
auprès d’un Vieux Sage.- « Eclaire-moi sur le Sentier de la Vie », demanda le Prince.-
« Mes paroles s’évanouiront comme les traces de tes pas dans le sable.
Cependant je veux bien te donner quelques indications. Sur ta route, tu
trouveras trois portes : Lis les préceptes indiqués sur chacune d’entre
elles. Un besoin irrésistible te poussera à les suivre. Ne cherche pas à
t’en détourner, car tu serais condamné à revivre sans cesse ce que tu
aurais fui. Je ne puis t’en dire plus. Tu dois éprouver tout cela dans
ton coeur et dans ta chair. Va, maintenant. Suis cette route, droit
devant toi. » Le Vieux Sage disparut et le Prince s’engagea sur le Chemin de la Vie.
1) La première porte : Il se trouva bientôt face à une grande porte sur laquelle on pouvait lire « Change le monde « . « C’était bien là mon intention, car si certaines choses me plaisent dans ce monde, d’autres ne me conviennent pas. » se dit-il . Et il entama son premier combat. Son idéal, sa fougue et sa vigueur le
poussèrent à se confronter au monde, à entreprendre, à conquérir, à modeler la réalité selon son désir. Il y trouva le plaisir et l’ivresse du conquérant, mais pas l’apaisement du cœur. Il réussit à changer certaines choses mais beaucoup d’autres lui résistèrent. Bien des années passèrent. Un jour il rencontra le Vieux Sage qui lui demande : – « Qu’as-tu appris sur le chemin ? »- « J’ai appris à discerner ce qui est en mon pouvoir et ce qui m’échappe, ce qui dépend de moi et ce qui n’en dépend pas ». – « C’est bien. Utilise tes forces pour agir sur ce qui est en ton pouvoir. Oublie ce qui échappe à ton emprise. »
2) La deuxième porte : le Prince se trouva face à une seconde porte. On pouvait y lire » Change les autres ». « C’était bien là mon intention.Les autres sont source de plaisir, de joie et de satisfaction mais aussi de douleur, d’amertume et de frustration. » se dit-il . Et il s’insurgea contre tout ce qui pouvait le déranger ou lui déplaire chez ses semblables. Il chercha à infléchir leur caractère et à extirper leurs défauts. Bien des années passèrent. Un jour, alors qu’il méditait sur l’utilité de ses tentatives de changer les autres, il croisa le Vieux Sage qui lui demanda : – « Qu’as-tu appris sur le chemin ? »- « J’ai appris que les autres ne sont pas la cause ou la source de mes joies et de mes peines, de mes satisfactions et de mes déboires. Ils n’en sont que le révélateur ou l’occasion. C’est en moi que prennent racine toutes ces choses. » – « Tu as raison. Par ce qu’ils réveillent en toi, les autres te révèlent à toi-même. Soit reconnaissant envers ceux qui font vibrer en toi joie et plaisir. Mais sois-le aussi envers ceux qui font naître en toi souffrance ou frustration, car à travers eux, la vie t’enseigne ce qui te reste à apprendre et le chemin que tu dois encore parcourir. »
3) La troisième porte : le Prince arriva devant une porte où figuraient ces mots » Change-toi toi-même ». « Si je suis moi-même la cause de mes problèmes, c’est bien ce qui me reste à faire, » se dit-il. Il chercha à infléchir son caractère, à combattre ses imperfections, à supprimer ses défauts, à changer tout ce qui ne lui plaisait pas en lui, tout ce qui ne correspondait pas à son idéal.Après bien des années de ce combat où il connut quelque succès mais aussi des échecs et
des résistances, le Prince rencontra le Sage qui lui demanda :- « Qu’as-tu appris sur le chemin ? »- « J’ai appris qu‘il y a en nous des choses qu’on peut améliorer, d’autres qui nous résistent et qu’on n’arrive pas à briser. »-
« C’est bien » dit le Sage.-
« Oui mais je commence à être las de ma battre contre tout, contre tous,
contre moi-même. Cela ne finira-t-il jamais ? Quand trouverai-je le
repos ? J’ai envie de cesser le combat, de renoncer, de tout
abandonner. » – » C’est justement ton prochain apprentissage. Mais avant d’aller plus loin, retourne-toi et contemple le chemin parcouru. »
1) Revenant à la troisième porte : le Prince vit dans le lointain la 3ème porte et s’aperçut quelle portait sur sa face arrière une inscription qui disait : « Accepte-toi toi-même ». Le Prince s’étonna de ne point avoir vu cette inscription lorsqu’il avait franchi la porte la première fois, dans l’autre sens. « Quand on combat, on devient aveugle », se dit-il. Il vit aussi, gisant sur le sol, éparpillé autour de lui, tout ce qu’il avait rejeté et combattu en lui : ses défauts, ses ombres, ses peurs, ses limites, tous ses vieux démons.
Il apprit alors à les reconnaître, à les accepter, à les aimer. Il
apprit à s’aimer lui-même sans plus se comparer, se juger, se blâmer. Il rencontra le Vieux Sage qui lui demanda :- « Qu’as-tu appris sur le chemin ? »- « J’ai appris que détester ou refuser une partie de moi, c’est me condamner à ne jamais être en accord avec moi-même. J’ai appris à m’accepter moi-même, totalement, inconditionnellement. » – « C’est bien, c’est « la première Sagesse ». Maintenant tu peux repasser la troisième porte »
2) Revenant à la deuxième porte : A peine arrivé de l’autre côté, le Prince aperçut au loin la face arrière de la seconde porte et y lut » Accepte les autres ». Tout autour de lui il reconnut les personnes qu’il avait côtoyées dans sa vie ; celles qu’il avait aimées comme celles qu’il avait détestées.
Celles qu’il avait soutenues et celles qu’il avait combattues. Mais
à sa grande surprise, il était maintenant incapable de voir leurs
imperfections, leurs défauts, ce qui autrefois l’avait tellement gêné et
contre quoi il s’était battu. Il rencontra à nouveau le Vieux Sage. – « Qu’as-tu appris sur le chemin ? » demanda ce dernier.- « J’ai appris qu’en étant en accord avec moi-même, je n’avais plus rien à reprocher aux autres, plus rien à craindre deux. J’ai appris à accepter et à aimer les autres totalement, inconditionnellement. » – « C’est bien : c’est « la seconde Sagesse ». Tu peux franchir à nouveau la deuxième porte »
3) Revenant à la première porte : Arrivé de l’autre côté, le Prince aperçut la face arrière de la première porte et y lut » Accepte le monde » Curieux,
se dit-il, que je n’aie pas vu cette inscription la première fois. Il
regarda autour de lui et reconnut ce monde qu’il avait cherché à
conquérir, à transformer, à changer. Il fut frappé par l’éclat et la
beauté de toute chose. Par leur perfection. C’était pourtant le même monde qu’autrefois. Était-ce le monde qui avait changé ou son regard ? Il croisa le Vieux Sage qui lui demanda : – « Qu’as-tu appris sur le chemin ? »- « J’ai appris que le monde est le miroir de mon âme. Que mon âme ne voit pas le monde, elle se voit dans le monde. Quand elle est enjouée, le monde lui semble gai. Quand elle est accablée, le monde lui semble triste. Le monde, lui, n’est ni triste ni gai. Il est là ; il existe ; c’est tout.
Ce n’était pas le monde qui me troublait, mais l’idée que je m’en
faisais. J’ai appris à l’accepter sans le juger, inconditionnellement. »- « C’est « la troisième Sagesse ». Te voilà à présent en accord avec toi-même, avec les autres et avec le Monde. »Un profond sentiment de paix, de sérénité, de plénitude envahit le Prince. Le Silence l’habita.
« Tu es prêt, maintenant, à franchir le dernier Seuil, dit le Vieux
Sage, celui du passage du silence de la plénitude à la Plénitude du
Silence »

Merci Thanh!

A toutes les autres, passez une très bonne semaine…